À l’origine des expositions blockbuster
Les photographies des files d’attente devant le Petit Palais lors de l’exposition Toutânkhamon de février 1967 sont devenues légendaires. Pourquoi ? Elles incarnent une nouvelle conception de l’offre culturelle : l’exposition temporaire à grande échelle.
Là où fréquenter un musée était réservé à une élite parisienne, la première exposition Toutânkhamon a ouvert les portes du Petit Palais au grand public… Prêt à risquer les engelures tant il faisait froid, cet hiver-là.
Depuis ce succès retentissant, la mode de l’exposition temporaire créant l’événement a pris de l’ampleur, et s’est considérablement développée ces dix dernières années.
Expositions « Toutânkhamon, les trésors du pharaon », « Icônes de l’Art Moderne, collection Chtchoukine », « Monet »… Des premières superproductions fortement médiatisées du Centre Pompidou aux expositions blockbuster détenant des records de fréquentation, les institutions culturelles connaissent désormais de fortes affluences.
Les visiteurs/spectateurs, qu’ils soient réguliers ou occasionnels, sont de plus en plus nombreux à fréquenter les établissements culturels parisiens. Quels business model développer pour répondre à leurs attentes ?
Vers de nouveaux modèles culturels ?
Pour Les Productions Adonis, l’avenir des expositions passe par de nouveaux modèles culturels. Il s’agit avant tout de repenser la culture et ses modes de représentation.
Il n’est plus question de présenter de simples objets mais de développer des discours attrayants mis en scène avec des scénographies audacieuses, tout en développant de nouveaux outils de médiation des publics…
En proposant de nouveaux schémas muséaux, le public y trouve son compte : la culture peut être attrayante, tout en gardant une richesse scientifique. Le rêve d’une culture pour tous s’esquisse.
Cessons l’hypocrisie, et acceptons que, pour rendre les musées accessibles, tout comme le cinéma, il faut être à la fois art et industrie.
“Par ailleurs, le cinéma est une industrie”
André Malraux, Esquisse d’une psychologie du cinéma, 1946
Entre art et industrie
Oui, les expositions blockbusters peuvent être lucratives… Et ce phénomène est très éloigné de l’idéologie française pour laquelle la culture reste un produit artistique et non un produit de consommation. Cependant, essayons d’éviter la crédulité : la culture a besoin de s’associer à des opérateurs privés et doit être capable, à terme, de s’auto-financer.
C’est une conviction que l’équipe des Productions Adonis partage, et qui tend à se confirmer.
Le seul risque d’une telle conception est la généralisation d’expositions prêtes à consommer comme prétextes à vendre, perdant toute rigueur scientifique. On entrerait alors un autre registre de valeur et d’économie, difficilement justifiable.
La véracité scientifique doit être indispensable à toute conception d’exposition blockbuster.
L’équilibre est certainement dur à maintenir mais l’équipe des Productions Adonis, forte de son amour pour la culture et le spectacle, demeure intransigeante.